J'ai eu le bonheur de visiter l' Erotic Museum de Berlin, les responsables m'ont cordialement permis de faire un reportage photos juste pour vous. "
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Histoire des Olisbos

Olisbos, dildo, gode, godemiché, godemichet, bainfaiteur, consolateur, parapilla?Tous ces noms pour le même objet, un pénis artificiel en forme de verge susceptible d’être introduit dans le vagin ou l’anus. On en trouve de tout temps et de toutes matières, cuir, bois, métal ivoire, ébonite, bakélite, latex?Les cultes anciens vénéraient des olisbos dont les femmes, prêtresse ou fidèle, se servaient lors de cérémonies. Les Grecques appréciaient particulièrement les olibos fabriqués à Milet, en Asie Mineure. Ces ustensiles étaient taillés dans le bois, gainés de cuir, ou encore de cuir rembourré de laine. Le cuir avant usage était oint et frotté d’huile d’olive afin de présenter une surface adoucie. Une pièce anonyme du III siècle av. J.C. nous montre une femme nommée Métro voulant emprunter le godemiché de son amie Coritto. Hélas ! cette dernière l’a déjà prêté. Mais elle conseille à Métro d’aller se fournir chez un savetier nommé Cerdon. Métro trouve inconvenant de faire fabriquer un tel objet par un artisan. Mais à force de louer le travail de Cerdon, Coritto parvient à la convaincre. L’étymologie du mot " godemiché " demeure confuse. On y voit généralement l’évolution d’une expression latine, gaude mihi, venant de gaudere : " jouir ", ou plutôt, à la façon tardive gaude michi, signifiant " réjouis-moi ". L’usage de tels instruments ne se limite pas à l’Europe. Dans les gynécées de la Chine ancienne, on faisait peu de cas de l’homosexualité féminine, jugée inévitable. Cependant, l’abus des godemichés risquait d’abîmer les muqueuses? Risques peut-être inhérent à celui muni de deux têtes, en bois ou en ivoire nervurés. La partenaire " mâle " introduisait une extrémité du godemiché dans sa Fissure Cinabre, attachait la partie centrale à sa taille au moyen de rubans de soie et utilisait l’autre extrémité comme s’il s’agissait d’une Tige de Jade. Un conte médiéval mentionne une chose appelée " l’épi cantonais " qui était, semble t’il, une plante bourgeonnante en forme de phallus qui, une fois trempée dans l’eau chaude, gonflait, durcissait et prenait la consistance d’un excellent godemiché (Reay Tannahil, Le sexe dans l’histoire, Robert Laffont, 1982.)

Aujourd’hui, les godemichés de tout genre se trouvent dans les magasins spécialisés ou sur le net. Certains sont moulés sur le sexe d’acteurs de films pornographiques. Ils peuvent ou non, être munis d’un dispositif vibrant. D’autres plus surprenants sont la réplique exacte du sexe d’un chien testicules compris. Il existe également des modèles gonflables à l’aide de poire pour les amateurs de dilatation. D’autres sont munis de prépuce. Des godemichés prévus à cet effet peuvent attachés à une ceinture, à un harnais de telle sorte qu’une femme peut se conduire en homme. D’autres sont agrémentés d’une ventouse de caoutchouc à leur base et peuvent être fixés sur un siège, voire sur la glace sans tain d’une cabine de peep-show. Certain olisbos sont munis d’un réservoir, d’une poire de caoutchouc que l’on emplit d’un liquide ressemblant au sperme pour simuler une éjaculation. À Pompéi, des fresques nous montrent des olibos montés sur roues. Il existe différents arrangements d’olibos munis de poids, contrepoids, poulies, constituant les appareils de ce qu’on a dû appeler, après Magnus Hirchffeld, " mécanoérotisme ". Bourdon, actrice de films pornographiques dans les années soixante-dix, avait ouvert une galerie d’art érotique à Paris où l’on pouvait admirait un tabouret percé en son centre et d’où émergeait un impressionnant godemiché mû par un système de pédalier qu’actionnait la femme assise.
Toute une littérature érotique est consacrée au godemiché. On le trouve à titre d’accessoire dans certains romans, mais aussi comme thème principal de maints ouvrages, tels que Histoire Merveilleuse et édifiante de godemiché (1763) de l’abbé de Laurens, émule de l’Arétin, ou Les godemicheuses de Saint-Evremond. L’Académie des Dames (1680) de Nicolas Chorier fait la part belle à cet instrument. Ce n’est, en fait que la traduction d’un ouvrage latin licencieux rédigé vers 1660 : Aloisiaiae Siegae Toletanae Satyra Sotadica de Arasnis Amoris et Veneris, dû à une mystérieuse Luisa Sigea. Le godemiché peut même avoir un usage politique puisque Le godemiché royal, pièce en vers de l’ancien Régime, vilipendait la reine Marie-Antoinette d’une façon fort peu élégante vers 1790. En 1891, un écrivain érotomane fameux pasticha Apollinaire et rendit hommage à Wagner de la façon siuvante :
Ô le pur godemiché d’or phallique
Où leurs vulves ont tant navigué,
Vogué, vagué, walle zür Wiege
Vagins de vierges mélancoliques.
(Pierre Louÿs, " Les filles du Rhin ", Trophée des vulves légendaires, édité en 1948)
Dictionnaire des fantasmes et perversions, Brenda B.Love Édition

Le pénis triomphant à travers les âges

Au début des temps, le pénis est très discret car ce qui fascine les hommes préhistoriques c'est la grossesse et l'enfantement. La première divinité sera donc une déesse-mère. Par la suite, le rôle de l'homme dans la procréation apparaîtra de plus en plus clairement : c'est son sexe qui apporte la semence dans le ventre de la femme, on va mettre en valeur le pénis.

Les peintures murales préhistoriques et les objets sculptés de cette époque, dès 30000 ans avant J-C, montrent une étape où les représentations des vulves féminines commencent à être concurrencées par celles de pénis en érection.

Les Égyptiens font prédominer le culte du sexe mâle et de la fécondation avec Osiris, le dieu dont le symbole sera un pénis disproportionné. Les anciens Hébreux eux-mêmes ont eu beaucoup de mal à abandonner les cultes phalliques que leurs pères partageaient avec toutes les civilisations du Moyen-Orient : dès que Moïse s'éloigne, ils se refabriquent des sexes en or, des olisbos, pour leur plaisir (Ézéchiel, 16, 17).
Le sexe en érection est partout

Les Grecs se révèlent des adeptes passionnés du culte phallique : les poteries sont couvertes de peintures de sexes en érection, vers lesquels se tendent les mains et les bouches de femmes et d'hommes, de bacchantes (prêtresses de Dionysos, toujours en transes) comme de satyres (demi-dieux à forme humaine et jambes de bouc, toujours occupés à forcer des nymphes), ou qui pénètrent des corps dans toutes les positions possibles. Les peintures montrent aussi que des objets sculptés en forme de pénis, de toutes les tailles (et parfois énormes : de la taille d'un être humain), entourent les personnages et sont à leur disposition pour des cérémonies de culte, des processions ou des offrandes, comme pour le plaisir personnel. La représentation du sexe mâle est partout visible, dans la vie quotidienne comme dans les cérémonies.

Les Romains garderont ce culte phallique, avec leur dieu bien connu, Priape, représenté avec un sexe avantageux, en érection perpétuelle : son image est partout, statues servant de borne dans les jardins, statuettes dans les maisons, lampes, poteries, coupes, amulettes, clochettes, en pierre, en terre cuite, en métal, en émail, en céramique… Les bijoux préfèrent le motif réduit au seul sexe en érection, qui envahit les boucles d'oreille, les colliers, les agrafes, les pendentifs, les bagues, les amulettes… Dans la rue, les battants de porte ou les flèches de direction sont des pénis. Le phallus est vraiment partout.

Ce culte phallique de la fécondité par des représentations du pénis en érection se retrouve dans toutes les civilisations et à toutes les époques, des poteries suggestives du Pérou aux estampes japonaises, en passant par les statues érotiques des tombes malgaches, les statues des temples de l'Inde, les illustrations des traités chinois. Partout des pierres dressées sont l'objet de pèlerinages pour les femmes qui désirent un enfant et viennent embrasser ou caresser le symbole phallique, ou le renflement de la statue du saint censé guérir les stérilités. Des fêtes où l'on présente des pains, ou des objets tressés, en forme de sexe existent toujours en certains points d'Europe.

Dr Yves Ferroul

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Patrick Pottier
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